“C’est la Justice qui est visée”, des véhicules de l’administration pénitentiaire incendiés à Amiens
France3 Hauts-de-France, 1er avril 2020
« C’est la Justice qui est visée« . Pour le procureur de la République d’Amiens, Alexandre de Bosschère, l’attaque perpétrée contre les services pénitentiaires « est à prendre très au sérieux« . Une attaque en plein couvre-feu, juste en face de la maison d’arrêt d’Amiens.
Dans la nuit de mardi à mercredi, vers 3h20, vraisemblablement plusieurs individus s’introduisent sur le parking du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), trois voitures sont d’abord incendiées. Puis le feu est mis à deux fourgons cellulaires, des véhicules qui servent au transfert des détenus. Le bâtiment est ensuite pris pour cible, une fenêtre est cassée, un départ de feu sera mis en évidence, fort heureusement, il ne s’est pas propagé à tout le bâtiment. A ce moment-là, une alarme se serait déclenchée, provoquant la fuite du ou des auteurs, et l’arrivée sur place du gardien qui ne pourra que constater les dégâts.
Les inscriptions posent question. Ils signent cet acte malveillant. Deux éléments interrogent les professionnels du monde judiciaire : aucune faute d’orthographe, et puis un « Ⓐ », première lettre et symbole de l’anarchie. Un élément que la sûreté régionale, en charge des investigations, prend sérieusement en considération, selon nos informations. Faut-il y voir la main d’une mouvance d’ultra-gauche, ou d’un sigle apposé pour brouiller les pistes ? « Rien n’est à exclure, c’est prématuré à ce stade, pour le procureur d’Amiens, mais nous allons bien sûr explorer toutes les voies« .
(…) Depuis l’apparition du Covid-19 en France, le milieu pénitentiaire est sur le qui-vive. Des débuts d’émeutes ont eu lieu dans plusieurs prisons françaises, comme à Maubeuge ou Longuenesse, dans le Nord Pas-de-Calais.
Un service en première ligne
Bien sûr, il y a les fourgons cellulaires incendiés. Mais ce qui interroge, c’est le fait de s’en prendre au SPIP, un service chargé notamment de la réinsertion et du suivi des détenus sortis de prison. « C’est inquiétant, estime Alexandre de Bosschère, c’est l’un des services qui est le plus mis à contribution en ce moment. »
Car la ministre de la Justice, Nicole Belloubet l’a annoncé il y a deux semaines, elle vise une libération anticipée pour 5 000 détenus, avec le confinement. Charge donc aux agents du SPIP de suivre ces personnes qui vont regagner leurs domiciles.