Bretagne : lamas fâchés, pandores immobilisés

Coronavirus : de plus en plus de Bretons crachent sur la police lors des contrôles
France Bleu, 20 avril 2020

Depuis le début de la crise sanitaire en France, les policiers constatent l’arrivée d’une nouvelle « mode » qui consiste à cracher sur les forces de l’ordre lors des contrôles. Une façon de procéder qui n’épargne pas les policiers bretons.

Depuis le 15 mars, de Rennes à Saint-Brieuc en passant par Vannes ou encore Quimper, les policiers de la région Bretagne constatent une augmentation des crachats lors des contrôles ou des interpellations.

Dans la soirée du jeudi 16 au vendredi 17 avril, une brigade de la police de Saint-Malo est appelée pour tapage nocturne. Sur place, l’homme violent refuse obtempérer. Le contrôle se durcit et les agents décident de conduire le Breton en garde à vue. C’est alors que le malouin crache au visage d’un des policiers, tout en menaçant de lui transmettre le Covid-19. « C’est un moyen d’intenter à l’intégrité des agents en essayant de leur transmettre le virus ou alors de leurs faire peur », raconte un gradé de la brigade malouine.

Rennes, Vannes, Quimper, Saint-Brieuc ou encore Lorient comptent déjà plusieurs cas similaires. Une situation qui commence à inquiéter les syndicats de police. « Lorsque certaines personnes vous crachent dessus en disant qu’elles ont le virus, impossible de savoir si c’est la vérité sur le moment. Mais si c’est vrai ça veut dire qu’on rentre le soir dans notre famille avec la possibilité d’avoir attrapé la maladie. Cela oblige l’agent à se confiner dans le confinement, » regrette Frédéric Gallet, secrétaire départemental Alliance Police Nationale en Ille-et-Vilaine.

Pour limiter les risques de transmission du Covid-19, il existe une procédure. Elle est similaire à celle pour limiter les risques de transmission du VIH, lors des interpellations violentes (avec échanges de coups), bien que le VIH ne soit pas transmissible par simple échange de salive. Les policiers qui se font cracher dessus, doivent systématiquement conduire la personne interpellée effectuer un test. A Saint-Brieuc par exemple, depuis le début du confinement, trois personnes ont été testées après avoir agressé des forces de l’ordre.

Le dernier cas suspect date du jeudi 16 avril, lors d’un contrôle dans un centre commercial. « L’homme a volontairement postillonné sur l’équipage « , raconte un membre du commissariat. Dans ce genre de situation, la règle est simple. Avant de rentrer chez eux, les policiers conduisent la personne interpellée pour qu’elle effectue un test. La voiture utilisée pour l’interpellation est à l’arrêt pour 24h, et les policiers doivent rester chez eux le temps des résultats. « C’est une vrai source de stress pour les forces de l’ordre », raconte un policier briochin. Heureusement, dans ce cas précis, le test s’est révélé négatif après deux jours d’attente. L’homme est convoqué le 14 octobre au tribunal.

A Rennes, la procédure est différente. En cas de doute lors d’un contrôle, les policiers effectuent une petite enquête d’environnement, avant d’emmener l’interpellé chez un médecin. « Si celui-ci présente des symptômes de Covid-19, les fonctionnaires ne sont pas mis à l’écart, mais ils ont pour consignent de contrôler leur température. Et si au bout de quelques jours ils présentent des symptômes, ils doivent téléphoner a un médecin », précise François Angelini, le chef des policiers d’Ille-et-Vilaine. Cracher sur un police reste une circonstance aggravante lors d’une comparution devant le tribunal.