Italie : tests, traçages policiers et quarantaine forcée…

Coronavirus, c’est comme cela qu’on découvre les cas positifs qui violent la quarantaine. 650 personnes interceptées sur les routes
traduction de l’italien, La Repubblica, 17 avril 2020

L’Assurance Maladie publique (Asl, Azienda Sanitaria Locale) et la protection civile ont réalisé une carte d’Italie et une banque de données avec les noms de tous ceux qui ont l’obligation de s’isoler. Et elles l’ont mise à disposition pour les contrôles des forces de l’ordre.

C’est un traçage « a posteriori » mais précieux parce que, entre autres objectifs, il permet aux forces de l’ordre de vérifier si les personnes qui sont arrêtées sur la route et contrôlées sont en train d’échapper à la quarantaine obligatoire. Il s’agit d’une carte d’Italie, avec des points rouges et jaunes, qui enregistre région par région toutes les personnes obligées de garder un isolement absolu, soit parce que positives au virus (points rouges) soit parce que d’une façon ou d’autre autre elles ont été en contact avec des cas positifs (points jaunes).

Ce sont l’Assurance maladie (Asl) et la protection civile qui l’ont construite et la complètent chaque jour grâce à des faits croisés, parce qu’elles ont les noms et les données de toutes les personnes pour lesquelles l’écouvillon [test avec le grand coton-tige dans le nez] a donné un résultat positif, avant de remonter à leurs contacts avec la classique enquête épidémiologique effectuée grâce aux indications fournies par ceux qui sont positifs, soit les proches, les collègues de travail et autres contacts qu’ils ont réussi à individualiser. Sur la carte sont également indiqués, rue par rue, les lieux où ces personnes ont choisi de passer leur quarantaine obligatoire, dont la violation, rappelons-le, est sanctionnée d’une plainte pour mise en danger de la santé publique [3 à 12 ans de prison].

Comment font donc les forces de l’ordre qui stoppent une personne pour un banal contrôle afin de vérifier l’attestation qui justifie le déplacement, pour savoir si la personne a également violé l’obligation de quarantaine ? Il est peu probable que le citoyen qui a décidé de s’en ficher et de mettre la santé des autres en danger s’auto-dénonce (même s’il faut rappeler qu’il risque alors une sanction atténuée). C’est donc la consultation de la banque de données mise à disposition par l’Asl et la Protection civile qui fait ressortir si le nom de la personne contrôlée est inclus ou non dans la carte de ceux forcés à rester en quarantaine. Une consultation qui peut être faite en temps réel si les forces de l’ordre mettent en évidence quelque élément de doute, mais aussi a posteriori (et dans ce cas évidemment par sondage) lors de leur travail de vérification des attestations su l’honneur.

Cet échange de données entre administrations de l’Etat a été prévu par article du décret signé par le Premier ministre Conte le 14 mars, qui a permis jusqu’à présent de chopper 650 citoyens qui ont contrevenu les obligations de la quarantaine. Un nombre qui n’est pas rien. La même collaboration entre forces de police, protection civile et Asl permet maintenant aux agences sanitaires d’entrer en possession, grâce aux banques de données et aux systèmes de contrôle aux mains des enquêteurs, des numéros de téléphone des personnes qui sont entrées en contact avec des cas positifs en fournissant leur nom mais n’ont pas été en mesure de fournir leur numéro de téléphone afin de les retracer.

En somme, en attendant qu’entre en application l’application numérique pour le traçage digital des cas positifs, il s’agit d’un instrument artisanal pour cartographier les déplacements à risque des personnes infectées.


Dans son bulletin quotidien du 18 avril sur les contrôles, l’exécutif italien a donné les chiffres suivants de personnes poursuivies par les forces de l’ordre pour la journée d’hier : 8.129 pour déplacements non légitimes, 47 pour fausse déclaration et 28 pour violation de quarantaine. Il y a eu 289.580 personnes contrôlées et 101.359 commerces contrôlés : 202 gérants poursuivis et 35 activités fermées.