Quelques précisions sur une simple carte

Le 3 mai dernier, les Renseignements Territoriaux et les Services Judiciaires avaient tenu à faire connaître aux lecteurs d’un de leur fidèle porte-parole, Le Parisien, une carte restreinte et arbitraire d’ « incendies et dégradations » accomplis pendant le confinement, et attribués à une imaginaire « mouvance d’ultra-gauche » tout droit sortie de leur étroit cerveau policier, comme nous le soulignions alors.

Depuis une dizaine de jours, quelques précisions sur cette carte sont sorties dans différents quotidiens de la presse régionale, notamment sur plusieurs faits répertoriés dans le sud et le centre du pays. Comme ils n’étaient auparavant pas sortis au grand jour à notre connaissance, c’est avec plaisir que nous les reportons ci-dessous.

Dans le Midi Libre, 16 mai 2020 (extraits) :
* À Montpellier, le 8 avril, quatre voitures d’Enedis sont parties en fumée dans le quartier des Aubes. C’était au milieu de la nuit « et le feu d’un premier véhicule a entraîné l’incendie des trois autres« , indique un policier. L’enquête est en cours, l’hypothèse criminelle semble privilégiée.
* À Alès (Gard), le 20 avril, des boîtiers d’antenne-relais ont été dégradés dans le quartier de L’Hermitage, ce qui a provoqué des coupures de courant. L’acte volontaire ne fait pas de doute.
* Du côté d’Aigues-Vives, toujours dans le Gard, ce sont des câbles d’Orange qui ont été sectionnés le 20 avril. Mais pour les gendarmes, cela pourrait être accidentel. Ces faits auraient été retirés tout récemment de la note du SCRT.

Dans La Nouvelle République, 5 mai 2020 (extraits) :
* Les agents du SCRT voient dans ces incendies et autres dégradations, avec un méfait commis à Bessines, le seul constaté dans la région Nouvelle-Aquitaine, la signature de groupuscules de l’ultragauche… À Bessines, c’est la façade du site d’Eiffage Construction Poitou-Charentes, implanté au n° 8 de la route de La Rochelle, qui a été taguée : c’était dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 avril, d’après la direction. Son responsable n’est autre que Paul-François Arrighi, également président du Medef en Deux-Sèvres. De la peinture a notamment été prélevée et les expertises sont en cours, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale étant chargé de les analyser : mais ses spécialistes aident actuellement l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, ou AP-HP, pour réaliser des tests de dépistage du coronavirus. Selon Natacha Rateau, la procureure de la République de Niort, le tag faisait référence aux centres de rétention administrative, qui maltraiteraient les migrants dans l’esprit de son ou de ses auteurs, la société Eiffage étant « considérée, par certains, comme ayant participé aux marchés publics et à leur construction ».

* Dans La République du Centre, 4 mai 2020 (extraits) :
Sur la base d’une note des services de renseignements, le quotidien [Le Parisien] affirme qu’il pourrait s’agir d’actes de sabotage commis par l’ultragauche. Dans le Loiret, deux antennes téléphoniques ont été prises pour cible ces dernières semaines : l’une à Marcilly-en-Villette, le 14 avril, l’autre aux Bordes, dans le Giennois, le 20 avril. La première enquête a été confiée aux gendarmes de la brigade de recherches d’Orléans, la seconde à ceux de la BR de Gien. Mais pour l’heure, la piste politique n’est pas privilégiée.
« Selon la formule consacrée, toutes les pistes sont à l’étude et, en l’état, il n’y a pas de raisons de faire de liens entre ces différents faits, explique le procureur de la République de Montargis, Loïc Abrial. Il peut tout à fait s’agir d’une tentative de vol de métaux qui ont une valeur particulière, comme le cuivre par exemple. Les gendarmes de Gien et d’Orléans sont bien sûr en relation sur ces deux affaires, mais pour l’heure, il n’y a pas de raison de donner une autre dimension à ces faits. » Même commentaire de la part du procureur de la République d’Orléans, Nicolas Bessone, qui confirme que le dossier est toujours géré localement.