Tulle (Corrèze) : le procès de huit mutins d’Uzerche reporté au 11 juin

Uzerche (Correze), 22 mars 2020 : la prison flambe et perd 250 cellules lors de la mutinerie

Huit mutins du centre de détention d’Uzerche attendront leur procès, fixé au 11 juin à Tulle, en isolement
La Montagne, 14 mai 2020

Ce jeudi 14 mai, dans la salle de la Cour d’assises, la plus grande du tribunal de Tulle, régnait une ambiance un peu surréaliste pour la comparution immédiate de huit détenus qui, le 22 mars dernier, sont suspectés d’avoir participé à une mutinerie au centre de détention d’Uzerche qui s’est soldée par deux bâtiments saccagés et incendiés.

Les prévenus, escortés chacun par deux gendarmes, ont été disséminés dans la salle d’audience pour respecter la distanciation sociale et les consignes sanitaires. Avec les avocats et les juges, ça faisait quand même beaucoup de personnes présentes, (presque) toutes masquées. Finalement, tous les prévenus ayant demandé un délai supplémentaire pour préparer leur défense, leur procès a été fixé au 11 juin.

Avant de statuer sur leur détention provisoire, la présidente du tribunal a évoqué les faits reprochés et les personnalités de chacun d’entre eux.

Dans un contexte de fermeture de parloirs à cause du confinement, le 22 mars dernier, vers 17 heures, une quarantaine de détenus du centre de détention d’Uzerche était montée sur le toit d’un bâtiment administratif. Après en avoir été délogés, ils avaient poursuivi la mutinerie au centre de la prison. Au plus fort de ce mouvement, il avait réuni environ 200 détenus.

À l’intérieur de deux bâtiments, qui ont ensuite été incendiés, presque tout avait été cassé et détruit (cellules, sanitaires, vitres, mobilier, vidéosurveillance…) Les surveillants ont été menacés de mort et sont devenus les cibles de jets de mobilier et de projectiles en tout genre. Les dégâts matériels, très importants, ont réduit la capacité d’accueil de la prison d’Uzerche de 590 à 230 places, entraînant de nombreux transferts de détenus dans d’autres centres de détention. « Ces plusieurs heures de mutinerie ont ressemblé à une véritable guérilla urbaine », a souligné le procureur de Tulle, Agnès Auboin.

Les huit prévenus, qui devaient être jugés ce jeudi 14 mai à Tulle, tous en récidive légale, sont originaires de Bordeaux, Limoges, mais aussi de la Réunion, de la Guadeloupe ou de Mayotte et sont âgés de 24 à 39 ans. Six d’entre eux ont des casiers judiciaires très chargés, allant jusqu’à 24 condamnations. Tous ont eu un parcours scolaire et professionnel très chaotique, émaillé d’immaturité et de violence. Certains ont fait des formations en prison.

Faits insolites : l’un des prévenus, jugé pour complicité de dégradation aggravée et passionné de vidéo a une petite réputation sur les réseaux sociaux ; un autre, qui n’a jamais travaillé, est en couple avec une policière municipale, pas très au courant de son passé. Un troisième, ancien trafiquant et gros consommateur de cannabis, a décidé d’arrêter de fumer : « ça fait des économies et c’est mieux pour la santé.»

Pour deux des prévenus, les sorties de prison étaient programmées en juin et en novembre de cette année. Pour d’autres, elles s’échelonnaient sur les années à venir jusqu’en 2028. Hier, à la demande du procureur de Tulle, Agnès Auboin, le tribunal a ordonné qu’en attendant leur procès du 11 juin, ils soient tous placés, en détention provisoire en isolement, au centre de détention d’Uzerche.