Calais : quand les confineurs s’attaquent à l’auto-organisation

Ce mercredi 22 avril à Calais, une révolte de migrants a éclaté dans la Zone des Dunes en réponse immédiate à une nouvelle évacuation de campement. Des pavés ont volé en direction des flics et des gendarmes et un véhicule de charognards humanitaires est parti en fumée.

En début de matinée, flics et gendarmes ont débarqué à l’ancienne station Shell pour évacuer un campement de migrants. Très vite, des pierres ont volé en direction des porcs en uniforme qui chaque jour les harcèlent et les tabassent (tentes déchirées, flics qui urinent dans les tentes, sur la nourriture…). Les affrontements auraient fait deux gendarmes et deux CRS blessés, selon la préfecture.

Un migrant croisé rue des Huttes, au plus fort de l’émeute, raconte: « Comme tous les deux jours, les gendarmes sont venus retirer les tentes. Mais là, ils en ont réveillé certains qui étaient encore en train de dormir et ça a dégénéré ».

« Des migrants ont refusé de quitter le terrain illégalement occupé », détaille le service communication de la préfecture du Pas-de-Calais. « Ils ont dû alors être évincés par les forces de l’ordre. Un peu plus tard, une quarantaine de migrants (ils étaient en réalité au moins une soixantaine) ont jeté des projectiles sur les forces de police et de gendarmerie mobile. »

Comme souvent, des membres d’associations humanitaires (Auberge des Migrants ou La Vie Active, qui gère le maxi-camp de Calais) étaient présent.e.s aux côtés des flics pour « apaiser la situation », ce qui signifie notamment s’assurer que l’expulsion se passe sans problème pour la flicaille. Mais cette fois, la rage ne s’est pas focalisée que sur les flics, mais aussi sur ces collabos humanitaires, dont la besogne consiste à faire accepter cette misère aux migrants, jamais la combattre : un utilitaire de l’Auberge des Migrants, utilisé par l’association britannique Collective Aid, a été livré aux flammes en milieu de matinée.

Selon François Guennoc, responsable de l’auberge des migrants, qui parle avec les mêmes mots qu’une ordure de la préfecture :
« il y a encore plusieurs centaines de personnes qui vivent là dans des conditions compliquées et ont l’impression d’être bloquées. Nous avons moins de bénévoles et depuis deux semaines nous ne distribuons pas de vêtements. De son côté, la Vie active ne distribue plus de repas chauds, seulement des sachets. J’étais là ce mercredi. Le démantèlement a été plus important que d’habitude et c’était très tendu avec des Soudanais. »
Concernant l’incendie de l’un de leurs utilitaires, « c’est la première fois que ça nous arrive. Au temps de la Jungle nous avions eu parfois des vitres brisées, mais jamais un véhicule incendié. On m’a indiqué que c’était un incendie volontaire. Il se pourrait également que les deux bénévoles aient tout de même voulu emprunter la rue des Garennes alors que les forces de l’ordre leur avaient déconseillé. Le véhicule a été ensuite bloqué et brûlé, mais les deux bénévoles sont indemnes. Ceux qui ont fait ça ont probablement confondu la voiture avec une autre, sans savoir que c’était associatif. Lors de tensions, c’est toujours très compliqué. Il n’y avait pas de produits alimentaires à l’intérieur, logiquement, seules quelques tentes et sacs de couchage. »

Force et solidarité aux migrant.e.s en révolte !
Que crèvent l’État et ses laquais humanitaires !

[« Révolte de migrants contre la police et ses collabos humanitaires« , Reformulé par SansAttendre à partir de NordLittoral, 22.04.2020]