Le complexe militaro-industriel pas prêt d’être confiné

[On pouvait s’en douter, l’Etat a bien entendu prévu plusieurs exceptions notables au Grand Confinement, et pas uniquement de laisser pour l’instant chaque patron décider un peu seul dans plusieurs secteurs d’activité. Ces exceptions concernent les secteurs critiques pour l’économie et le pouvoir (alimentation et hôpitaux, mais aussi télécommunication et énergie…) et tout ce qui alimente ses forces de répression, plus que jamais en alerte si la situation venait à échapper à l’Etat. Petit exemple, en plus du fameux Airbus, avec Michelin, qui continue de faire tourner ses usines, notamment pour alimenter l’armée en pneus avion à Bourges (Cher) ou les blindés militaires à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire).]

Coronavirus : l’usine Michelin de Blanzy continue de tourner au ralenti pour l’armée
Le Parisien, 4 avril 2020
Depuis la Seconde Guerre mondiale, ce n’était pas arrivé souvent… L’usine Michelin de Blanzy, près de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), qui produit habituellement 400 pneus de grande dimension par jour, notamment pour les engins de travaux publics, n’a pas stoppé complètement ses activités. Et pour cause : elle a l’obligation de continuer à produire quotidiennement 16 pneus et de les expédier à l’armée de terre pour les besoins de l’opération militaire française Barkhane au Mali. Un effort de guerre en quelque sorte.


Mais ce n’est pas le seul. En effet, l’activité en pointillé va être renforcée en début de semaine. Michelin Blanzy va monter sa production à 90 pneus par jour pour chausser des portes chars pour l’armée de terre toujours, mais aussi pour des grandes remorques agricoles, attendues par la profession en ce printemps, pour le grutier allemand Liebherr, mais aussi pour des véhicules de la protection civile mobilisés contre les feux de forêts.

Trois autres usines graduellement relancées

Pour ces productions, Michelin entend remettre au travail 90 personnes. Les gestes barrière et toutes les consignes de sécurité et de distance seront respectées à la lettre, avec des protections si nécessaires. Des thermomètres sont mêmes arrivés jeudi pour prendre la température de toutes les personnes entrant sur le site, protégé comme un coffre-fort. La direction a aussi prévu un numéro vert pour les employés les plus angoissés ayant peur de retourner au travail. « On n’obligera personne et on n’exercera pas de pression sociale », a assuré Dimitri Fournet-Fayard, le chef d’établissement à Blanzy.

Le manufacturier de pneumatiques avait annoncé le 16 mars l’arrêt de l’essentiel de sa production en France en raison du développement de l’épidémie de Covid-19, à l’exception des sites de Montceau-les-Mines et Bourges (Cher) qui produisent pour l’armée. Le groupe est en train de relancer graduellement la production de trois autres usines françaises, à Troyes (pneus pour véhicules agricoles), au Puy-en-Velay (pneus pour les engins de génie civil) et un atelier qui fabrique des moules de cuisson de pneumatiques à Clermont-Ferrand. Cette reprise concerne « moins de 10 % des effectifs » de ces usines, soit au maximum une cinquantaine de personnes par site et au total quelque 200 salariés en production sur environ 9 000 en France.


Michelin a rouvert une partie de ses usines en France
L’Usine Nouvelle, 31 mars 2020 (extrait)

Quels sites tournent encore ?

Michelin compte en France quelque 20 000 salariés, dont à peu près la moitié est affectée à la production, aujourd’hui au chômage partiel. Seuls quelques sites continuaient de tourner au ralenti. Trois usines françaises ne se sont jamais mises complètement en pause : Bourges (Cher) qui produit les pneus avion pour l’armée, Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) qui livre pour les blindés militaires, auxquels s’ajoutent deux ateliers à Clermont-Ferrand, celui des pneus métro à Cataroux et celui de Chantermerle, affecté à la logistique.

S’adjoint aujourd’hui l’usine de Troyes, spécialisée dans les pneus agricoles. « Elle doit impérativement continuer à livrer les agriculteurs déjà très pénalisés par la crise« , justifie la direction du groupe. Blavozy, de son côté, est la seule usine à opérer certaines dimensions de pneus pour le génie civil. Impossible de la stopper complètement. Et enfin, la Combaude, à Clermont-Ferrand, est dédié à la production des moules internes aux usines du groupe, destinés notamment à l’Asie, où la demande redémarre.