Montréal (Canada) : inonder les proprios du confinement

Des bureaux de la Corporation des propriétaires immobiliers vandalisés
La Presse, 1er mai 2020 (extrait)

Le Service de police de la Ville de Montréal enquête sur des actes de vandalisme commis dans la nuit du 29 au 30 avril, dans les locaux de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec, situés sur le boulevard Marcel-Laurin, près de la rue Baudet, dans l’arrondissement de Saint-Laurent.
« Vers 8 h 40 le 30 avril, un appel a été fait au 911 pour des méfaits dans cet endroit. Lorsque les policiers sont arrivés sur les lieux, ils ont constaté un bris de vitre par lequel un ou des suspects ont introduit un boyau d’arrosage — par la fenêtre — afin d’inonder les bureaux. Les dommages causés par l’eau sont importants », raconte l’agent Caroline Chevrefils du SPVM. Un porte-parole de la CORPIC, Hans Brouillette, n’a pas voulu épiloguer sur l’importance des dégâts. On ignore à quelle heure exactement est survenu le méfait et si l’eau a coulé durant plusieurs heures, pendant la nuit, jusqu’à ce qu’un appel soit fait au 911.

Le crime a été revendiqué par un groupe anonyme sur un site internet qui met en ligne des nouvelles et analyses « anarchistes et antiautoritaires ». Le groupe affirme avoir rendu inopérante une caméra de surveillance le soir du méfait, une information qui n’a toutefois pas été confirmée par la police.

« C’est inacceptable et intolérable. On ne peut pas s’attaquer à des idées par des actes criminels. Cela démontre un manque de capacité et de créativité », a déclaré à La Presse le porte-parole de la CORPIQ, Hans Brouillette. Dans son communiqué, le groupe anonyme qui revendique le méfait décrit de quelle façon il s’y serait pris. La pandémie de la CODIV-19 est en toile de fond de cet acte de vandalisme fait intentionnellement la veille du premier mai, alors que les montants mensuels des loyers sont encaissés par les propriétaires.


La revendication :
Les bureaux de la CORPIQ inondés pour le 1er mai

Montréal Contre Information, 1er mai 2020

La pandémie met en lumière l’hostilité que réserve la CORPIQ (Corporation des propriétaires immobiliers du Québec) envers les locataires. Lorsque des dizaines de milliers de gens de plus en plus précaires peinent à joindre les deux bouts, la CORPIQ exerce des pressions sur la Régie du logement pour qu’elle reprenne les audiences d’expulsion, elle encourage les proprios à exiger les loyers comme à l’habitude et cherche à miner la crédibilité des appels à une grève des loyers internationale. La CORPIQ défend la classe qui profite de notre besoin essentiel d’avoir un toit et fait en sorte que plusieurs personnes soient privé-e-s d’un logement stable et sécuritaire

L’hostilité est réciproque. La nuit pluvieuse du 29 avril, pour célébrer le premier mai, nous avons visité les bureaux de la CORPIQ à Ville St-Laurent. Nous avons d’abord mis la caméra de surveillance hors-service. Nous avons ensuite brisé une vitre et nous avons inséré l’extrémité d’un boyeau d’arrosage dans leur bureau. Nous avons attaché l’autre bout au robinet extérieur du bâtiment et avons ouvert son débit pour causer une inondation.* Bonne chance avec votre « retour à la normale », trous-de-culs.

Nous n’avons aucune demande à formuler aux gouvernements. Nous avons plutôt une proposition pour les autres locataires et exploité-e-s : que se passerait-il si les proprios devaient y penser deux fois avant d’harceler un locataire, de laisser un logement dans une état insalubre, de proférer une menace d’expulsion? Si les proprios étaient terrifié-e-s à l’idée de voir leurs bureaux vandalisés, leur(s) voiture(s) incendiées, leur(s) maison(s) attaquées lorsqu’ils nous mettent de la pression?

Salutations chaleureuses à tous-tes les grévistes des loyers qui s’organisent pour se soutenir les un-e-s les autres et qui répandent la grève.

Solidarité avec les prisonniers-ères et avec tout le monde qui se retrouve coincé dans des relations coercitives avec l’État et le capital. Les grévistes de la faim de Laval nous ont montré il y a quelques semaines qu’il est possible de résister même dans les conditions les plus sombres.

Nous dédions cette action à ceux et celles qui se sentent isolé-e-s, déprimé-e-s, sans espoir dans ces circonstances. Ça ne va peut-être pas « bien aller », mais nous n’abandonnerons jamais la lutte pour un monde sans systèmes qui profitent de la misère.

*Nous encourageons les personnes qui voudront essayer cette tactique dans le futur à utiliser la fente à courrier lorsque cela est accessible. Quand une fenêtre est brisée, il y a toujours des risques qu’une alarme soit déclenchée ou que quelqu’un-e appelle la police. Nous avons pris ce risque et avons fait le pari que si la police était alertée, elle n’arriverait pas assez vite pour prévenir les dégâts.