Liban : les affrontements entre manifestants et armée se poursuivent

Les heurts entre armée et manifestants se poursuivent au Liban
France24+AFP, 29 avril 2020

De nouvelles manifestations contre l’inflation au Liban ont pris place mardi à Tripoli mais aussi à Beyrouth et Saïda. Une vingtaine de protestataires ont été blessés dans les affrontements avec l’armée.

Tripoli, 28 avril 2020

La contestation ne faiblit pas au Liban. De nouveaux heurts ont opposé, mardi 28 avril à Tripoli, la capitale du nord du pays, l’armée à des manifestants dénonçant une inflation galopante et une dépréciation sans précédent de la monnaie nationale. Après quelques heures de calme, des protestataires sont de nouveau descendus en fin de soirée dans la rue faisant craindre de nouvelles violences marquées la nuit dernière par la mort d’un manifestant de 26 ans, tué par balle par l’armée.

Tripoli, 28 avril 2020

Des manifestations ont eu lieu à plusieurs endroits de la ville, dont le quartier al-Mina, où les protestataires ont endommagé la façade d’une banque. Un autre rassemblement a eu lieu devant le domicile d’un ancien Premier ministre, Nagib Mikati. Plus de 20 manifestants ont été blessés dans les affrontements nocturnes, dont quatre hospitalisés, selon la Croix-rouge libanaise. La veille, outre le manifestant tué, une vingtaine de civils ont été blessés ainsi que 40 militaires, selon l’armée.

Saïda (sud), le 28 avril 2020 : pluie de molotovs contre la Banque centrale

À Beyrouth, une centaine de manifestants ont défilé dans le quartier Hamra, où se trouve le siège de la Banque centrale, scandant des slogans contre son gouverneur. À Saïda (sud), des manifestants ont lancé des cocktails Molotov sur la branche locale de la Banque centrale.

Tripoli, 28 avril 2020 : véhicule militaire en flammes

Dans la journée, Tripoli, la deuxième ville du pays, a été le théâtre de violences. Des centaines de jeunes ont saccagé et incendié une demi-douzaine de banques, arraché les pavés des trottoirs pour les lancer sur l’armée et incendié deux véhicules militaires. Ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.

Tout cela a été aggravé par les mesures préventives contre la propagation du virus, qui ont paralysé un pays où sont officiellement recensés 717 cas, dont 24 décès. Au Liban, environ 45% de la population vit désormais sous le seuil de la pauvreté, selon des estimations officielles. En quelques semaines, la livre libanaise, indexée sur le dollar depuis 1997, a perdu plus de 150% de sa valeur face au billet vert au marché noir, dépassant le seuil des 4.000 livres pour un dollar. Le taux officiel de 1.507 livres reste inchangé.

L’inflation est quotidiennement dénoncée sur les réseaux sociaux, les prix de certains produits alimentaires ayant quasiment doublé. Le gouvernement affirme travailler sur un plan de relance économique n’ayant toujours pas été finalisé. “Jusqu’à présent, le gouvernement n’a rien fait, si ce n’est suspendre le paiement des eurobonds”, a affirmé à l’AFP l’économiste Sami Nader, en référence au premier défaut de paiement dans l’histoire du pays, annoncé en mars. D’après lui, le pays se dirige “vers une explosion sociale inévitable, avec une monnaie ayant perdu près de 200% de sa valeur, et une forte baisse du pouvoir d’achat”.


De nouveaux violents affrontements nocturnes entre force de l’ordre et manifestants à Tripoli
L’Orient-Le Jour, 29 avril 2020

De nouveaux heurts ont opposé, mardi soir à Tripoli, l’armée aux manifestants qui ont relancé leur mobilisation pour dénoncer une inflation galopante et une dépréciation sans précédent de la monnaie nationale, en pleine pandémie du coronavirus. Ailleurs à travers le pays, notamment devant le siège de la Banque du Liban (BDL) à Beyrouth et à Saïda les protestations commencent également à gagner en ampleur. 

Mardi dans la journée, la tension était remontée d’un cran après l’annonce de la mort d’un manifestant, Fawaz Fouad Samman, 26 ans, qui a succombé à des blessures par balles, infligées la veille, lors d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

L’Agence nationale d’information (Ani, officielle) a rapporté mardi soir que de « violents affrontements » entre des manifestants et l’armée libanaise avaient lieu sur la place al-Nour. Les militaires ont eu recours à des balles en caoutchouc et des bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants se trouvant sur la place. Les militaires se sont également lancés à la poursuite d’individus ayant commis des actes de vandalisme contre des véhicules de l’armée. Ces incidents ont fait des blessés dans les rangs de la troupe comme des manifestants.