Virus : en Sicile, la police protège les supermarchés
Le Figaro, 29 mars 2020 à 10:43
Des policiers étaient positionnés samedi devant les supermarchés pour prévenir tout pillage en Sicile, où la précarité dans laquelle vit une grande partie de la population a été renforcée par la pandémie de coronavirus. Jeudi, un groupe de personnes a tenté de sortir d’un supermarché de Palerme sans payer, en criant: «Nous n’avons pas d’argent pour payer, nous devons manger», a rapporté samedi le quotidien de gauche La Repubblica. Dans d’autres communes, des propriétaires de plus petits commerces ont été mis sous pression par des habitants pour leur donner de la nourriture gratuitement, selon un autre quotidien, Il Corriere della Sera.
Dans le Mezzogiorno, le Sud défavorisé de la péninsule, le travail au noir fait vivre des millions de personnes. Une population qui se retrouve dépourvue dans cette période de blocage quasi total du pays, puisqu’elle ne peut bénéficier des mesures prises par le gouvernement italien pour compenser les pertes de revenus. Après quasiment trois semaines de confinement, une partie de la population n’a donc plus les moyens de se nourrir.
Le Corriere della Sera, qui évoque «une bombe sociale» potentielle, assure que la police surveille réseaux sociaux et groupes de discussion où pourraient s’organiser des opérations de pillage des commerces. «J’ai peur que les préoccupations qui travaillent de nombreuses couches de la population, sur leur santé, les revenus, l’avenir, ne se transforment en colère et en haine si la crise se prolonge», a déclaré à La Repubblica Giuseppe Provenzano, ministre de la Cohésion sociale, en charge du Sud du pays.
«Les gens qui s’en prennent aux supermarchés sont des ignorants. J’ai entendu à la télévision hier que 1.800 personnes se sont inscrites pour la distribution de nourriture. Piller les supermarchés ne résoudra rien», s’indigne un Palermitain, Carmelo Badalamenti, qui vient faire ses courses samedi. Mais sur les réseaux sociaux, de nombreux Siciliens s’en prennent aux responsables politiques, et notamment au Premier ministre Giuseppe Conte, exprimant leur colère face à un dénuement croissant.
Bien moins touchée que d’autres régions, la Sicile n’est pas épargnée par la pandémie. Elle y a tué 57 personnes (sur une population d’environ 5 millions), un bilan qui a été quasiment multiplié par dix en une semaine.